Une séance de théâtre dans un collège «Espérance Banlieues»

Nous nous retrouvons 8 élèves, une volontaire et moi pour une séance de théâtre dans la cantine. Nous installons l’espace pour créer un nouvel univers propice au théâtre. Chacun arrive au compte-goutte, premier contact, j’essaie de prendre la température et la couleur du jour. Un peu d’humour pour certains, de la lassitude pour d’autres, de la fatigue aussi. Nous avons appris à nous connaître un peu lors des premières séances. Il y a des beaux moments fulgurants, fugaces de partage, de rire, de connivence, mais aussi des moments difficiles, d’incompréhension, d’énervement, de disputes.

Aujourd’hui, nous démarrons l’échauffement avec l’exercice du samouraï : un exercice pour apprendre la cohésion, pour s’amuser, pour donner de la voix et être précis. J’ai du mal à faire entendre les consignes dans le brouhaha mais l’exercice prend, ils se prennent peu à peu au jeu. Certains ajoutent aux consignes leur touche d’originalité. Comment rester dans l’exercice tout en laissant la place à une certaine souplesse ?

Nous poursuivons ensuite par un exercice intitulé « prise de pouvoir » : chacun prend l’espace en marchant, individuellement tout en prêtant attention aux autres. Quand il le souhaite, il s’arrête et dit « moi » en levant le bras d’un geste déterminé. Il récite alors une partie de son texte et quand il le souhaite, il termine en mettant fin avec ce même geste du bras. L’un des enjeux est de s’écouter, d’accepter de laisser parler un autre, lorsqu’on est deux à réagir en même temps. Un bel enjeu que nous devons continuer à travailler… L’autre enjeu est de connaître son texte suffisamment pour le réciter à n’importe quel moment. Sur ce point, je suis plutôt épatée du résultat car ils s’en sortent bien.

Enfin, nous abordons le texte dans lequel nous sommes lancés : un seul en scène de Pierre Palmade intitulé « les Moutons », un sketch au comique tirant vers l’absurde. Nous transformons le seul en scène en un chœur, chacun porte une partie du texte. Nous travaillons les émotions, le crescendo, la diction, la ponctuation. Sur ce texte court, il y a de la matière pour aborder de nombreuses facettes du théâtre. Nous arrivons pour la première fois à traverser la scène de bout en bout et les élèves connaissent relativement bien leur texte. L’un d’eux qui a un bon volume sonore et une voix pour porter le texte m’étonne par son jeu précis et le fait qu’il s’amuse. Un autre n’a pas envie de jouer aujourd’hui et marmonne son texte dans sa barbe. J’essaie de le faire changer d’état, aujourd’hui cela sera difficile. Deux d’entre eux se cherchent et se trouvent, les mots volent, je m’interpose, la volontaire prend le relais à l’écart.

Le principal c’est qu’aujourd’hui, il y a eu du jeu et des émotions ! Il n’y a plus qu’à organiser un peu tout cela et mettre en scène avec plus de précision.

A bientôt pour de nouvelles aventures !