Une séance de masque neutre

Aujourd’hui, nous nous retrouvons en réel, après plusieurs semaines à distance. Comme je ne sais pas pour combien de temps ce sera possible, je décide de profiter au maximum de cette opportunité. On ne saisit que mieux la valeur d’être ensemble et de partager.

J’avais prévu de travailler sur des textes mais je change mon fusil d’épaule et décide d’expérimenter avec eux le masque neutre. On troque donc nos masques sanitaires pour des masques neutres, ce qui n’est pas désagréable. Les jeunes commencent d’ailleurs par comparer ce que cela fait comme différence avec le masque sanitaire…Ce sont des masques blancs qui permettent de travailler sur la disponibilité, l’écoute, l’ouverture. Ils agrandissent les gestes, donnent de l’amplitude au corps et permettent de faire attention à la portée de chaque geste. Il n’y a plus de psychologie, ni de personnage. L’objet de la séance est donc un travail du corps important.

Les jeunes commencent par observer les masques, les mettre et déambuler dans l’espace pour voir ce que cela produit sur soi et sur les autres. Regarder et être regardé en somme, ce qui est déjà beaucoup. Ils sont à la fois amusés et un peu effrayés par ce masque.

On travaille ensuite sur les états et émotions avec les masques. Comment un petit geste, un mouvement peut créer l’état ou l’émotion ? Comment chaque corps parle différemment ? Comment chacun est unique pour exprimer un langage ? Un groupe fait, l’autre observe. Nous échangeons. Ce masque les perturbe, les bouscule mais il transforme et cela fait du bien. On essaie, on tâtonne, on est dans l’expérience.

Nous réalisons ensuite plusieurs improvisations par deux et ce qui est extraordinaire, c’est qu’avec les mêmes consignes, chacun a une façon différente de comprendre, de donner, de vivre l’expérience. Ils s’en rendent compte dans leur retour et apprécient aussi la place de spectateur, de recevoir ce que leurs camarades leur donnent.

J’insiste sur la question du jugement dans la reprise. Il n’y a pas tellement de « c’est bien » ou « ce n’est pas ça ou pas bien » mais plutôt des observations sur les corps différents, la notion du temps (qui n’est pas la même du côté des spectateurs et du côté des comédiens), du plaisir éprouvé en tant que comédien et ressenti par les spectateurs, de la précision des gestes.  

Une très belle séance où chacun a joué le jeu d’essayer ! Nous continuerons à approfondir le masque neutre.

A bientôt pour de nouvelles aventures !