Les poches d’une maman …


Depuis que je suis maman, dans mes poches, j’ai presque toujours quelques
mouchoirs. C’est toujours pratique, l’hiver pour les nez qui coulent par exemple…Et son utilité ne se résume pas à ça. Cela peut servir de bandage, de réconfort de bobos, de solution en cas de besoin de toilettes inopiné.

Je ne vous fais pas de dessin…

…et quand je les ai oubliés, je m’en mords les doigts car c’est quand même une denrée bien utile.
J’ai aussi toujours un lego ou un playmobil parce que…C’est comme ça, je ne sais pas.
Il doit toujours y en avoir un qui traîne et que je mets machinalement dans ma poche ou qu’un enfant me donne in extremis, avant de rentrer dans l’école, car il n’a pas le droit d’y emporter de jeux.

Leur contact dans la journée me rappelle mes enfants.

Cela me fait sourire quand je les retrouve et me rapproche de mon enfant intérieur : la petite fille que j’ai été et que je suis encore aujourd’hui dans certaines situations, qui m’apporte la spontanéité, l’émerveillement et la joie de vivre.


J’ai encore des élastiques à cheveux car mes filles perdent toujours leurs élastiques et
ça permet d’éviter des crises quand c’est l’heure de partir et qu’il faut absolument faire deux couettes aujourd’hui multiplié par deux !

C’est vital, une question de vie ou de mort !


Selon les saisons, j’ai des feuilles séchées, des fleurs, pissenlits, cailloux ou autres
cadeaux plein d’amour mais périssables que je suis tenue de garder pour ne décevoir personne et comme ils sont trois et qu’ils s’imitent, vous voyez un peu le tableau…

Mais c’est la nature et l’émerveillement de l’enfant qui se manifestent dans ces petits souvenirs.


Bien sûr, de temps en temps, un de mes enfants me réclame le caillou exceptionnel,
que j’ai après plusieurs jours de transport, décidé d’abandonner en chemin.
Généralement, c’est pile le lendemain qu’on me le redemande ! « Aie, tu sais il était sûrement unique mais probablement on en trouvera d’autres aussi beau », dis-je en me mordant les lèvres, et en espérant que l’explication suffise.


Parfois aussi ce sont des fins de gâteaux ou des bouchons de compotes. C’est un peu
moins agréable, je ne vous le fais pas dire…
J’ai, de temps à autre, un stick à lèvres en fin de vie (ne me demandez pas pourquoi
effectivement, il a généralement, comme les tubes de colles, été massacré en une fois par un enfant mais je ne le jette pas tout de suite en me disant que je viens quand même de
l’acheter), et en général mes clés, mon téléphone, soit juste le strictement utile !

Oui car après il faut se garder les mains libres, pour donner la main, porter les deux trottinettes ou la draisienne…On avait dit qu’on ne les porterait pas mais finalement, il faut être honnête, ça arrive quand même.


Bref, vous voyez le tableau, à la fin ce ne sont plus des poches mais un bout de maison
que je transporte tous les jours.

Finalement, je me sens comme l’escargot qui porte sa maison sur son dos, comme dans la comptine pour les enfants.
Du coup, la grâce et la féminité du manteau, au départ se transforment en une masse informe et bosselée mais bon c’est bien pratique, il faut le reconnaître…


Adieu la femme séductrice, à nous la mode maman !
Il y a 10 ans, je m’extasiais et c’est encore le cas sur un joli trench qui tombe bien sans
poche et capuche ou sur une belle veste en cuir forcément sans capuche et qui remonte quand on joue au parc et laisse passer l’air…Aujourd’hui, je ne conçois plus un manteau trop court, sans poche ni sans capuche pour sortir dans mon rôle de maman !


Pourtant, peut-être qu’un jour, je regretterai ce manteau informe plein de trésors !
Alors, profitons-en encore tant qu’il représente l’élan de la vie et sa magie.
Et sans doute
même que plus tard, je continuerai à trouver mes propres trésors et remplir mes poches
avec, ou au moins dans ma tête je l’espère, à conserver cet enfant intérieur, qui change
notre vision de la vie et nous rend authentique !


Nous sommes fabuleuses avec un manteau informe et ça change tout !

Le funambule


Le mois de septembre est achevé : on a réussi à le traverser !
Gérer les cartables, les
fournitures, les réunions de rentrée, les inscriptions aux activités du mercredi, les rendez-vous médicaux, les projets professionnels et personnels par-dessus le marché ! Ouah, brillante réussite ! On peut s’auto-congratuler pour ces victoires !
L’automne s’installe avec le mois d’octobre : les premiers rhumes et les longs mercredis sous la pluie, mais aussi les premières soupes, les châtaignes à ramasser, les jolies couleurs sur les feuilles des arbres.
Ce sont les mois périlleux d’automne, un peu comme en janvier le mois des résolutions, des engagements, des nouveautés.
On alterne entre euphorie de revoir tout le monde (surtout après cette période de Covid), de s’engager dans des nouveaux projets et l’angoisse de ne pas arriver à tout faire à temps.


L’autre jour, j’ai reçu une photo d’un funambule qui marchait sur un fil à côté de la tour Eiffel.
J’ai été fascinée et je l’ai admirée. Cette image du funambule est une image à laquelle je pense souvent depuis que je suis maman …
Il faut regarder au loin à l’horizon pour garder l’équilibre, ne pas regarder le vide en bas, ne
pas vouloir aller trop vite non plus et garder le but à l’esprit.

C’est grisant quand on arrive à avancer un peu, mais de temps en temps, il faut faire un pas
en arrière ou plus pour garder son équilibre.

Et puis alors parfois, on peut se permettre un grain de folie, un petit saut car on se sent pousser des ailes.


De temps en temps, le funambule doit s’arrêter pour que les spectateurs réalisent le danger et admirent la prouesse. De même pour nous, mamans, il faut s’arrêter pour profiter du paysage. C’est ce que je me disais l’autre jour en découvrant avec une de mes filles l’histoire de la reine des bisous. Alors que j’avais du linge jusqu’au plafond, d’énièmes questionnements sur mes projets de boulot, ma fille me suppliait de lui lire une histoire. J’ai fait une pause pour découvrir cette histoire qui a fini en bataille de bisous…et repartir regonflée.


Le funambule c’est aussi un exercice que j’aime beaucoup faire avec mes élèves en théâtre,
imaginer qu’on est un funambule, se prendre au jeu. Visualiser le fil ainsi que l’objectif. Et cela marche. En tant que spectateur, on est suspendu à ce qu’il va se passer. Comment va-t-il faire pour traverser cet espace ? Il existe un réel suspense à partir du moment où le comédien est tout à fait dans le présent, accroché à cette idée qu’il faut coûte que coûte arriver au bout du fil, y croire vraiment. Cela a l’air banal mais en fait il y a du jeu dès l’instant où celui qui est sur scène est vraiment présent, entier, concentré.


Être maman dans cette période, cela ressemble à la traversée du funambule.

Mais en fait l’équilibre nécessaire au funambule pour sa traversée, c’est probablement ce que l’on recherche toute une vie, non ?
Je vous souhaite à toutes, au moins, une belle traversée de l’année 😉
Vous êtes de fabuleuses funambules (à répéter très vite pour travailler l’articulation) et cela
change tout !

La femme: un être de paradoxes, un être complexe!

Nous, les femmes, nous sommes cycliques, changeantes…des êtres de paradoxes mais c’est aussi ce qui fait notre charme et notre « fabulosité » !
Cette traditionnelle interrogation que l’on pose lorsqu’on aborde quelqu’un (enfin ça c’était
avant l’époque des confinements) : « Que fais-tu dans la vie ? », me semble aujourd’hui
tellement réductrice. J’ai envie de répondre, je suis plein de femmes, d’âges de la vie et de
personnages comme des poupées russes…Mais j’ai peur de la tête de mon interlocuteur. Peut- être que je devrais essayer…

Je visualise les poupées russes, vous savez ces poupées qu’on emboîte les unes dans les autres et pour moi c’est tout à fait ça :
Je suis une petite fille pleine de projets, de désirs, de naïveté, d’énergie, qui a envie de courir dans les feuilles mortes de l’automne, ramasser les dernières fleurs du chemin, dessiner, chanter sans se censurer, se déguiser tous les jours et dire : « si j’étais une princesse, un pirate, un cosmonaute, si on disait que … » et refaire le monde.

Je suis aussi une femme du milieu de la trentaine qui a des enfants, qui a la responsabilité de s’occuper de trois petits monstres, oups heu non de trois petits êtres merveilleux pardon… enfin ça dépend des jours, voire parfois des heures. Il y a des jours où je suis très fière d’avoir déjà trois enfants dont des jumelles, des jours où je ne réalise pas et des jours où j’envie les célibataires et j’aimerais rester sous la couette et me regarder une série.

Je suis aussi une amante qui essaie de rester à peu près jolie enfin parfois c’est juste avoir les cheveux propres, parfois juste mettre du parfum et des bijoux. On essaie d’organiser un temps à deux, pas trop entrecoupé par les enfants, souvent il faut accepter l’imprévu (changer les draps d’un enfant qui a fait pipi dans son lit) au milieu du rendez-vous romantique…ou répondre aux questions existentielles d’un enfant (« Mais alors si le Père Noël vieillit du coup, un jour, il va mourir… ») Il faut donc répondre efficacement sans briser les rêves mais tout en ayant l’objectif de retrouver son fabuleux…

Je suis aussi professeur et j’adore mon métier de transmission mais en même temps je le
trouve épuisant. (ça doit être le syndrome du « en même temps ») C’est tellement riche d’être au contact de jeunes tous les jours, il y a tant de moments magiques d’échanges, de partages, de révélations mais aussi tant de moments où il faut se remettre en question…Il y a des jours où j’ai des ambitions incroyables, des projets (et si on montait cette pièce ? si on faisait un jeu de rôle ? ) et le lendemain je me dis que bon en fait, je ne suis qu’une goutte d’eau dans un océan.

Je suis aussi la vieille dame, consciente de sa finitude, qui a des élans de sagesse (« tu sais
quand j’étais petite » ou « quand j’étais jeune »), mais aussi qui radote ou est déjà fatiguée
après la conduite des enfants du matin. Oui en même temps, c’est déjà un exploit de réussir
à conduire trois enfants dans des endroits différents à 8h30 sans heurts majeurs (c’est-à-dire quand même en ayant réussi à retrouver le pull fétiche de l’un, le bonnet perdu d’un autre et changé la troisième des pieds à la tête car la tasse de chocolat s’est renversée à 8h15…).

Je suis aussi juste femme c’est-à-dire cet être cyclique, qui a mal au ventre cinq jours par mois et s’efforce de ne pas le montrer, qui a des moments avec des pics d’énergie et d’autres d’effondrement total. Un être qui se dit tous les matins : et si on partait quand même faire le tour du monde avec trois enfants, et si on faisait un road trip, si on partait vivre à la campagne, et si je créais une boîte ? Et le lendemain, qui se contente d’un tour de pâté de maison, d’un gâteau au chocolat fait-maison et de regarder les triplés avec ses enfants sur le canapé…

Je suis aussi un animal (là vous allez vous dire que je vais trop loin) mais l’homme est bien un animal social donc en partie animal. Et quand on a des enfants et d’ailleurs quand on n’en a pas non plus, on observe dans la vie courante des tas de personnages animaux, notamment tous types de félins (tigres, lions panthères) ou parfois des singes…En tout cas, quand on a des enfants, on peut avoir des pulsions de colère, d’énervement qui nous dépassent et nous culpabilisent après…Pendant le premier confinement, mes enfants ont mis du papier toilette mouillé dans les plinthes pour boucher les trous…Ce qui fait que sur le chemin de la salle de bain, il y avait de l’eau, de bouts de papiers mouillés et des plinthes remplies de bouts mouillés ! Là, je n’ai pas réussi à garder mon calme du tout…Je suis devenue une lionne qui a poussé son rugissement ! Et j’ai appris après que c’était pour imiter leur père qui bricole, juste pour calfeutrer les plinthes. Cela partait donc d’une bonne intention !

Je suis aussi un clown, c’est-à-dire cet être toujours décalé, mais sympathique. J’ai parfois
l’impression d’être inadaptée. Quand j’étais petite, je pensais que lorsqu’on était une maman, on savait à peu près tout et maintenant je réalise que je ne sais rien ou presque, qu’on se construit jour après jour et qu’on n’a jamais fini d’apprendre, que nos enfants nous aident à grandir. Mais quel chemin quand même !
Je suis avec ma serpillère, mon rouge à lèvres et mes livres à essayer d’utiliser le bon
accessoire au bon moment mais parfois ça coince, ça dérape, j’utilise la serpillère pour me
maquiller, je nettoie le sol avec mes livres …

Voilà finalement je crois qu’on est toutes un peu tout ça, c’est-à-dire honnêtement, des
poupées russes, surtout pas réductibles à une seule phrase, nous sommes des êtres
fabuleux!

Article paru pour le site Fabuleuses au Foyer.