L’Avare en 5eme

Quelques accessoires pour rendre l’Avare plus concret, plus palpable: une perruque pour Harpagon, la fameuse cassette, une fraise à accrocher sur une chemise, la toque de cuisinier de Maître Jacques et bien sûr le texte de Molière.

Nous voilà parés pour une séance sur le monologue d’Harpagon “Au voleur! Au voleur! A l’assassin!”. Après avoir regardé la mise en scène de Louis de Funès et bien ri, nous travaillons en chœur sur le monologue. Chacun portera un morceau du texte très connu pour que chacun soit Harpagon, pour le faire vivre de différentes manières, pour chercher des points communs à ce personnage aussi. C’est également un travail d’écoute et de cohésion. Comment être ensemble, se passer la parole? Comment faire vivre ce texte si connu? Lui donner de la force, des intonations différentes, des mimiques et des jeux de scène?

Le travail progresse, les élèves comprennent de mieux en mieux les enjeux de la pièce, connaissent le texte à peu près par coeur et se l’approprient peu à peu. Nous travaillons sur le corps et la voix. Dans quelques semaines, ce sera le spectacle! Il reste encore un peu de travail et de plaisir à mettre en scène!

A bientôt pour de nouvelles aventures!

Une séance de théâtre dans un collège «Espérance Banlieues»

Nous nous retrouvons 8 élèves, une volontaire et moi pour une séance de théâtre dans la cantine. Nous installons l’espace pour créer un nouvel univers propice au théâtre. Chacun arrive au compte-goutte, premier contact, j’essaie de prendre la température et la couleur du jour. Un peu d’humour pour certains, de la lassitude pour d’autres, de la fatigue aussi. Nous avons appris à nous connaître un peu lors des premières séances. Il y a des beaux moments fulgurants, fugaces de partage, de rire, de connivence, mais aussi des moments difficiles, d’incompréhension, d’énervement, de disputes.

Aujourd’hui, nous démarrons l’échauffement avec l’exercice du samouraï : un exercice pour apprendre la cohésion, pour s’amuser, pour donner de la voix et être précis. J’ai du mal à faire entendre les consignes dans le brouhaha mais l’exercice prend, ils se prennent peu à peu au jeu. Certains ajoutent aux consignes leur touche d’originalité. Comment rester dans l’exercice tout en laissant la place à une certaine souplesse ?

Nous poursuivons ensuite par un exercice intitulé « prise de pouvoir » : chacun prend l’espace en marchant, individuellement tout en prêtant attention aux autres. Quand il le souhaite, il s’arrête et dit « moi » en levant le bras d’un geste déterminé. Il récite alors une partie de son texte et quand il le souhaite, il termine en mettant fin avec ce même geste du bras. L’un des enjeux est de s’écouter, d’accepter de laisser parler un autre, lorsqu’on est deux à réagir en même temps. Un bel enjeu que nous devons continuer à travailler… L’autre enjeu est de connaître son texte suffisamment pour le réciter à n’importe quel moment. Sur ce point, je suis plutôt épatée du résultat car ils s’en sortent bien.

Enfin, nous abordons le texte dans lequel nous sommes lancés : un seul en scène de Pierre Palmade intitulé « les Moutons », un sketch au comique tirant vers l’absurde. Nous transformons le seul en scène en un chœur, chacun porte une partie du texte. Nous travaillons les émotions, le crescendo, la diction, la ponctuation. Sur ce texte court, il y a de la matière pour aborder de nombreuses facettes du théâtre. Nous arrivons pour la première fois à traverser la scène de bout en bout et les élèves connaissent relativement bien leur texte. L’un d’eux qui a un bon volume sonore et une voix pour porter le texte m’étonne par son jeu précis et le fait qu’il s’amuse. Un autre n’a pas envie de jouer aujourd’hui et marmonne son texte dans sa barbe. J’essaie de le faire changer d’état, aujourd’hui cela sera difficile. Deux d’entre eux se cherchent et se trouvent, les mots volent, je m’interpose, la volontaire prend le relais à l’écart.

Le principal c’est qu’aujourd’hui, il y a eu du jeu et des émotions ! Il n’y a plus qu’à organiser un peu tout cela et mettre en scène avec plus de précision.

A bientôt pour de nouvelles aventures !

Une séance de théâtre dans le cadre de l’école à la maison

Pour la deuxième fois, je rencontre 7 élèves du CP au CM1. Ils pratiquent l’école à la maison le matin et diverses activités comme le yoga, la danse ou les arts plastiques l’après-midi. Quelle chance de pratiquer autant d’arts différents et de pouvoir développer son cerveau émotionnel et intuitif autant que le rationnel ! Dans l’entrée, cela bavarde gaiement. Ils se connaissent et se retrouvent régulièrement.

Nous travaillons pour les premières séances sur les sensations, l’imaginaire et les émotions afin de faire connaissance et aussi d’apprivoiser le théâtre. Après avoir retiré manteaux et chaussures, nous commençons par nous échauffer en marchant dans l’espace. Cela devient un rituel, s’approprier l’espace, tenir compte des autres, créer un sas aussi avec le quotidien pour rentrer dans le cours de théâtre.

3 sont plus âgés, 4 plus jeunes : cela permet d’apprendre à chacune de s’attendre, de s’entraider, de voir des manières de faire différente. Et finalement, dans le langage corporel, on est tous égaux et toujours un peu débutants.

Ensuite, nous abordons les marches avec des émotions et nous cherchons dans le corps ce que cela produit, crée…Comment ressentir la joie dans tout le corps ? Dans le visage oui mais aussi dans le ventre, dans les pieds, dans le dos, …Quelle attitude peut-on avoir ? Sans forcer ? Puis, nous travaillons la gamme du rire, un classique mais si intéressant pour travailler les émotions. 4 chaises, 4 personnes : l’œil frise, une petite joie apparaît, je m’appuie sur le public, je la passe à mon voisin, qui agrandit cette joie et ainsi de suite jusqu’au fou rire…Outre la bonne humeur qui est créé, cela leur apprend la nuance, le regard de l’autre, la progression dans l’émotion et la concentration.

Nous continuons avec des statues de personnages pour travailler l’attitude juste, la représentation des stéréotypes et la précision. Nous constatons que plusieurs personnages peuvent donner lieu à des statues différentes, on s’inspire les uns les autres. Il y a une véritable émulation et l’imagination se déploie.

Enfin, nous terminons par une relaxation sur les tapis. Les enfants font appel à leur imaginaire au rythme d’une histoire que je leur raconte. Pour certains, il est facile de se laisser aller, pour d’autres, il y a une petite résistance :  un œil s’ouvre de temps à autre pour voir ce qui se passe…Peu à peu, ils apprendront à lâcher prise et à entrer dans un univers différent.

Pour terminer la séance, je leur demande comment ils ont vécu cette relaxation, leur ressenti ainsi qu’un mot pour définir le cours, ce qu’ils ont appris ou retenu ou encore une émotion du moment.

Une belle séance pour tous !

A bientôt pour de nouvelles aventures !

Les poches d’une maman …


Depuis que je suis maman, dans mes poches, j’ai presque toujours quelques
mouchoirs. C’est toujours pratique, l’hiver pour les nez qui coulent par exemple…Et son utilité ne se résume pas à ça. Cela peut servir de bandage, de réconfort de bobos, de solution en cas de besoin de toilettes inopiné.

Je ne vous fais pas de dessin…

…et quand je les ai oubliés, je m’en mords les doigts car c’est quand même une denrée bien utile.
J’ai aussi toujours un lego ou un playmobil parce que…C’est comme ça, je ne sais pas.
Il doit toujours y en avoir un qui traîne et que je mets machinalement dans ma poche ou qu’un enfant me donne in extremis, avant de rentrer dans l’école, car il n’a pas le droit d’y emporter de jeux.

Leur contact dans la journée me rappelle mes enfants.

Cela me fait sourire quand je les retrouve et me rapproche de mon enfant intérieur : la petite fille que j’ai été et que je suis encore aujourd’hui dans certaines situations, qui m’apporte la spontanéité, l’émerveillement et la joie de vivre.


J’ai encore des élastiques à cheveux car mes filles perdent toujours leurs élastiques et
ça permet d’éviter des crises quand c’est l’heure de partir et qu’il faut absolument faire deux couettes aujourd’hui multiplié par deux !

C’est vital, une question de vie ou de mort !


Selon les saisons, j’ai des feuilles séchées, des fleurs, pissenlits, cailloux ou autres
cadeaux plein d’amour mais périssables que je suis tenue de garder pour ne décevoir personne et comme ils sont trois et qu’ils s’imitent, vous voyez un peu le tableau…

Mais c’est la nature et l’émerveillement de l’enfant qui se manifestent dans ces petits souvenirs.


Bien sûr, de temps en temps, un de mes enfants me réclame le caillou exceptionnel,
que j’ai après plusieurs jours de transport, décidé d’abandonner en chemin.
Généralement, c’est pile le lendemain qu’on me le redemande ! « Aie, tu sais il était sûrement unique mais probablement on en trouvera d’autres aussi beau », dis-je en me mordant les lèvres, et en espérant que l’explication suffise.


Parfois aussi ce sont des fins de gâteaux ou des bouchons de compotes. C’est un peu
moins agréable, je ne vous le fais pas dire…
J’ai, de temps à autre, un stick à lèvres en fin de vie (ne me demandez pas pourquoi
effectivement, il a généralement, comme les tubes de colles, été massacré en une fois par un enfant mais je ne le jette pas tout de suite en me disant que je viens quand même de
l’acheter), et en général mes clés, mon téléphone, soit juste le strictement utile !

Oui car après il faut se garder les mains libres, pour donner la main, porter les deux trottinettes ou la draisienne…On avait dit qu’on ne les porterait pas mais finalement, il faut être honnête, ça arrive quand même.


Bref, vous voyez le tableau, à la fin ce ne sont plus des poches mais un bout de maison
que je transporte tous les jours.

Finalement, je me sens comme l’escargot qui porte sa maison sur son dos, comme dans la comptine pour les enfants.
Du coup, la grâce et la féminité du manteau, au départ se transforment en une masse informe et bosselée mais bon c’est bien pratique, il faut le reconnaître…


Adieu la femme séductrice, à nous la mode maman !
Il y a 10 ans, je m’extasiais et c’est encore le cas sur un joli trench qui tombe bien sans
poche et capuche ou sur une belle veste en cuir forcément sans capuche et qui remonte quand on joue au parc et laisse passer l’air…Aujourd’hui, je ne conçois plus un manteau trop court, sans poche ni sans capuche pour sortir dans mon rôle de maman !


Pourtant, peut-être qu’un jour, je regretterai ce manteau informe plein de trésors !
Alors, profitons-en encore tant qu’il représente l’élan de la vie et sa magie.
Et sans doute
même que plus tard, je continuerai à trouver mes propres trésors et remplir mes poches
avec, ou au moins dans ma tête je l’espère, à conserver cet enfant intérieur, qui change
notre vision de la vie et nous rend authentique !


Nous sommes fabuleuses avec un manteau informe et ça change tout !

Le funambule


Le mois de septembre est achevé : on a réussi à le traverser !
Gérer les cartables, les
fournitures, les réunions de rentrée, les inscriptions aux activités du mercredi, les rendez-vous médicaux, les projets professionnels et personnels par-dessus le marché ! Ouah, brillante réussite ! On peut s’auto-congratuler pour ces victoires !
L’automne s’installe avec le mois d’octobre : les premiers rhumes et les longs mercredis sous la pluie, mais aussi les premières soupes, les châtaignes à ramasser, les jolies couleurs sur les feuilles des arbres.
Ce sont les mois périlleux d’automne, un peu comme en janvier le mois des résolutions, des engagements, des nouveautés.
On alterne entre euphorie de revoir tout le monde (surtout après cette période de Covid), de s’engager dans des nouveaux projets et l’angoisse de ne pas arriver à tout faire à temps.


L’autre jour, j’ai reçu une photo d’un funambule qui marchait sur un fil à côté de la tour Eiffel.
J’ai été fascinée et je l’ai admirée. Cette image du funambule est une image à laquelle je pense souvent depuis que je suis maman …
Il faut regarder au loin à l’horizon pour garder l’équilibre, ne pas regarder le vide en bas, ne
pas vouloir aller trop vite non plus et garder le but à l’esprit.

C’est grisant quand on arrive à avancer un peu, mais de temps en temps, il faut faire un pas
en arrière ou plus pour garder son équilibre.

Et puis alors parfois, on peut se permettre un grain de folie, un petit saut car on se sent pousser des ailes.


De temps en temps, le funambule doit s’arrêter pour que les spectateurs réalisent le danger et admirent la prouesse. De même pour nous, mamans, il faut s’arrêter pour profiter du paysage. C’est ce que je me disais l’autre jour en découvrant avec une de mes filles l’histoire de la reine des bisous. Alors que j’avais du linge jusqu’au plafond, d’énièmes questionnements sur mes projets de boulot, ma fille me suppliait de lui lire une histoire. J’ai fait une pause pour découvrir cette histoire qui a fini en bataille de bisous…et repartir regonflée.


Le funambule c’est aussi un exercice que j’aime beaucoup faire avec mes élèves en théâtre,
imaginer qu’on est un funambule, se prendre au jeu. Visualiser le fil ainsi que l’objectif. Et cela marche. En tant que spectateur, on est suspendu à ce qu’il va se passer. Comment va-t-il faire pour traverser cet espace ? Il existe un réel suspense à partir du moment où le comédien est tout à fait dans le présent, accroché à cette idée qu’il faut coûte que coûte arriver au bout du fil, y croire vraiment. Cela a l’air banal mais en fait il y a du jeu dès l’instant où celui qui est sur scène est vraiment présent, entier, concentré.


Être maman dans cette période, cela ressemble à la traversée du funambule.

Mais en fait l’équilibre nécessaire au funambule pour sa traversée, c’est probablement ce que l’on recherche toute une vie, non ?
Je vous souhaite à toutes, au moins, une belle traversée de l’année 😉
Vous êtes de fabuleuses funambules (à répéter très vite pour travailler l’articulation) et cela
change tout !

La femme: un être de paradoxes, un être complexe!

Nous, les femmes, nous sommes cycliques, changeantes…des êtres de paradoxes mais c’est aussi ce qui fait notre charme et notre « fabulosité » !
Cette traditionnelle interrogation que l’on pose lorsqu’on aborde quelqu’un (enfin ça c’était
avant l’époque des confinements) : « Que fais-tu dans la vie ? », me semble aujourd’hui
tellement réductrice. J’ai envie de répondre, je suis plein de femmes, d’âges de la vie et de
personnages comme des poupées russes…Mais j’ai peur de la tête de mon interlocuteur. Peut- être que je devrais essayer…

Je visualise les poupées russes, vous savez ces poupées qu’on emboîte les unes dans les autres et pour moi c’est tout à fait ça :
Je suis une petite fille pleine de projets, de désirs, de naïveté, d’énergie, qui a envie de courir dans les feuilles mortes de l’automne, ramasser les dernières fleurs du chemin, dessiner, chanter sans se censurer, se déguiser tous les jours et dire : « si j’étais une princesse, un pirate, un cosmonaute, si on disait que … » et refaire le monde.

Je suis aussi une femme du milieu de la trentaine qui a des enfants, qui a la responsabilité de s’occuper de trois petits monstres, oups heu non de trois petits êtres merveilleux pardon… enfin ça dépend des jours, voire parfois des heures. Il y a des jours où je suis très fière d’avoir déjà trois enfants dont des jumelles, des jours où je ne réalise pas et des jours où j’envie les célibataires et j’aimerais rester sous la couette et me regarder une série.

Je suis aussi une amante qui essaie de rester à peu près jolie enfin parfois c’est juste avoir les cheveux propres, parfois juste mettre du parfum et des bijoux. On essaie d’organiser un temps à deux, pas trop entrecoupé par les enfants, souvent il faut accepter l’imprévu (changer les draps d’un enfant qui a fait pipi dans son lit) au milieu du rendez-vous romantique…ou répondre aux questions existentielles d’un enfant (« Mais alors si le Père Noël vieillit du coup, un jour, il va mourir… ») Il faut donc répondre efficacement sans briser les rêves mais tout en ayant l’objectif de retrouver son fabuleux…

Je suis aussi professeur et j’adore mon métier de transmission mais en même temps je le
trouve épuisant. (ça doit être le syndrome du « en même temps ») C’est tellement riche d’être au contact de jeunes tous les jours, il y a tant de moments magiques d’échanges, de partages, de révélations mais aussi tant de moments où il faut se remettre en question…Il y a des jours où j’ai des ambitions incroyables, des projets (et si on montait cette pièce ? si on faisait un jeu de rôle ? ) et le lendemain je me dis que bon en fait, je ne suis qu’une goutte d’eau dans un océan.

Je suis aussi la vieille dame, consciente de sa finitude, qui a des élans de sagesse (« tu sais
quand j’étais petite » ou « quand j’étais jeune »), mais aussi qui radote ou est déjà fatiguée
après la conduite des enfants du matin. Oui en même temps, c’est déjà un exploit de réussir
à conduire trois enfants dans des endroits différents à 8h30 sans heurts majeurs (c’est-à-dire quand même en ayant réussi à retrouver le pull fétiche de l’un, le bonnet perdu d’un autre et changé la troisième des pieds à la tête car la tasse de chocolat s’est renversée à 8h15…).

Je suis aussi juste femme c’est-à-dire cet être cyclique, qui a mal au ventre cinq jours par mois et s’efforce de ne pas le montrer, qui a des moments avec des pics d’énergie et d’autres d’effondrement total. Un être qui se dit tous les matins : et si on partait quand même faire le tour du monde avec trois enfants, et si on faisait un road trip, si on partait vivre à la campagne, et si je créais une boîte ? Et le lendemain, qui se contente d’un tour de pâté de maison, d’un gâteau au chocolat fait-maison et de regarder les triplés avec ses enfants sur le canapé…

Je suis aussi un animal (là vous allez vous dire que je vais trop loin) mais l’homme est bien un animal social donc en partie animal. Et quand on a des enfants et d’ailleurs quand on n’en a pas non plus, on observe dans la vie courante des tas de personnages animaux, notamment tous types de félins (tigres, lions panthères) ou parfois des singes…En tout cas, quand on a des enfants, on peut avoir des pulsions de colère, d’énervement qui nous dépassent et nous culpabilisent après…Pendant le premier confinement, mes enfants ont mis du papier toilette mouillé dans les plinthes pour boucher les trous…Ce qui fait que sur le chemin de la salle de bain, il y avait de l’eau, de bouts de papiers mouillés et des plinthes remplies de bouts mouillés ! Là, je n’ai pas réussi à garder mon calme du tout…Je suis devenue une lionne qui a poussé son rugissement ! Et j’ai appris après que c’était pour imiter leur père qui bricole, juste pour calfeutrer les plinthes. Cela partait donc d’une bonne intention !

Je suis aussi un clown, c’est-à-dire cet être toujours décalé, mais sympathique. J’ai parfois
l’impression d’être inadaptée. Quand j’étais petite, je pensais que lorsqu’on était une maman, on savait à peu près tout et maintenant je réalise que je ne sais rien ou presque, qu’on se construit jour après jour et qu’on n’a jamais fini d’apprendre, que nos enfants nous aident à grandir. Mais quel chemin quand même !
Je suis avec ma serpillère, mon rouge à lèvres et mes livres à essayer d’utiliser le bon
accessoire au bon moment mais parfois ça coince, ça dérape, j’utilise la serpillère pour me
maquiller, je nettoie le sol avec mes livres …

Voilà finalement je crois qu’on est toutes un peu tout ça, c’est-à-dire honnêtement, des
poupées russes, surtout pas réductibles à une seule phrase, nous sommes des êtres
fabuleux!

Article paru pour le site Fabuleuses au Foyer.

Du théâtre par vidéo

Le nouveau confinement et la fermeture d’école ont sonné comme un coup de massue pour mes cours. Passé le premier moment de sidération, je décide en concertation avec mes équipes de faire travailler les élèves par vidéo. Notre spectacle est déjà prévu : le texte est choisi, la distribution est faite, nous avons dessiné les personnages, parcouru les textes, expérimenté des mises en jeu. Ce sera l’occasion de faire un travail pointu sur l’entrée des personnages, bien les caractériser (démarches, attitudes, mimiques), les faire vivre et jouer les premières répliques. Cela permet de travailler l’articulation, la ponctuation, l’intonation. Finalement, cela crée la possibilité de faire travailler chacun de manière plus précise et de pouvoir faire des retours individuels.

Le retour des élèves est globalement enthousiasmant : ils s’investissent, trouvent du plaisir et s’engagent dans leur jeu à travers la vidéo. Certains ont un costume, d’autres un accessoire qui les soutiennent dans leur jeu. Le plaisir est manifeste et même si le texte n’est pas toujours su, que l’articulation n’est pas toujours bien maîtrisée, ils ont presque tous fait un effort pour chercher leur personnage. L’un marque les trois coups, un autre travaille ses mimes avec beaucoup de sérieux et d’humour à la fois, alors qu’un autre emploie un ton ironique très juste pour son texte. Nous sommes donc en bonne voie ! Je leur propose donc un retour individuel et de reprendre mes propositions afin de se filmer une nouvelle fois. Je les interroge sur l’intention de leurs actes, le choix du regard et de l’adresse. Je mets l’accent sur l’importance des silences et des pauses entre plusieurs phrases ou intentions différentes.

J’attends avec impatience de découvrir leur progrès et de voir leur nouvelle prestation.

A bientôt pour de nouvelles aventures !

Une séance de masque neutre

Aujourd’hui, nous nous retrouvons en réel, après plusieurs semaines à distance. Comme je ne sais pas pour combien de temps ce sera possible, je décide de profiter au maximum de cette opportunité. On ne saisit que mieux la valeur d’être ensemble et de partager.

J’avais prévu de travailler sur des textes mais je change mon fusil d’épaule et décide d’expérimenter avec eux le masque neutre. On troque donc nos masques sanitaires pour des masques neutres, ce qui n’est pas désagréable. Les jeunes commencent d’ailleurs par comparer ce que cela fait comme différence avec le masque sanitaire…Ce sont des masques blancs qui permettent de travailler sur la disponibilité, l’écoute, l’ouverture. Ils agrandissent les gestes, donnent de l’amplitude au corps et permettent de faire attention à la portée de chaque geste. Il n’y a plus de psychologie, ni de personnage. L’objet de la séance est donc un travail du corps important.

Les jeunes commencent par observer les masques, les mettre et déambuler dans l’espace pour voir ce que cela produit sur soi et sur les autres. Regarder et être regardé en somme, ce qui est déjà beaucoup. Ils sont à la fois amusés et un peu effrayés par ce masque.

On travaille ensuite sur les états et émotions avec les masques. Comment un petit geste, un mouvement peut créer l’état ou l’émotion ? Comment chaque corps parle différemment ? Comment chacun est unique pour exprimer un langage ? Un groupe fait, l’autre observe. Nous échangeons. Ce masque les perturbe, les bouscule mais il transforme et cela fait du bien. On essaie, on tâtonne, on est dans l’expérience.

Nous réalisons ensuite plusieurs improvisations par deux et ce qui est extraordinaire, c’est qu’avec les mêmes consignes, chacun a une façon différente de comprendre, de donner, de vivre l’expérience. Ils s’en rendent compte dans leur retour et apprécient aussi la place de spectateur, de recevoir ce que leurs camarades leur donnent.

J’insiste sur la question du jugement dans la reprise. Il n’y a pas tellement de « c’est bien » ou « ce n’est pas ça ou pas bien » mais plutôt des observations sur les corps différents, la notion du temps (qui n’est pas la même du côté des spectateurs et du côté des comédiens), du plaisir éprouvé en tant que comédien et ressenti par les spectateurs, de la précision des gestes.  

Une très belle séance où chacun a joué le jeu d’essayer ! Nous continuerons à approfondir le masque neutre.

A bientôt pour de nouvelles aventures !

Une séance d’improvisation

Après quelques cours à distance dans ce groupe (ils sont 8, 7 filles et un garçon qui sont volontaires pour faire du théâtre le soir après l’école), nous reprenons ensemble en réel ! Nous sommes tous très heureux de nous revoir en vrai !

Après quelques échauffements, déplacements dans l’espace et exercices de cohésion, nous voilà au cœur de la séance. Aujourd’hui, nous travaillons des improvisations pour se remettre en jambes.

Une série d’improvisations sans paroles, puis une série avec. Je redonne les grandes règles d’une improvisation : accepter la proposition de l’autre, avoir du rythme, trouver une fin, équilibrer la parole, … Je redécouvre avec plaisir comment chacun comprend les consignes et fait avec sa personnalité.

La deuxième série est une improvisation autour de l’horoscope : une personne est la voyante qui fait des prédictions, l’autre est dans la position d’écoute et réagit aux prédictions. Certains trouvent plus difficile de verbaliser, d’autres non. Une improvisation est très calme, il se passe peu de choses, une autre est pleine d’énergie et part un peu dans tous les sens. Je leur fais observer les différences, constater ce qui marche, quand notre écoute est pleine, quand il faut poursuivre et tirer le fil. Ils ont tous envie de jouer, d’essayer, cela fait plaisir à voir.

Ils ont besoin de s’exprimer, de partager, de vivre des émotions et d’autant plus en ce moment où les libertés sont restreintes. C’est tout cela que le théâtre permet !

Nous continuerons sur d’autres thèmes les prochaines fois avant d’attaquer le texte…

A bientôt pour de nouvelles aventures !